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CITÉ VÉGÉTALE DE LUC SCHUITEN

5 Février 2014, 08:11am

Publié par ecolo-info Anne Sophie et Marine Badoux

article trouvé sur le blog écolo-info, écrit par anne-sophie. Réflexion sur une autre façon d'aborder notre impact sur la planète.

Il est légitime s’interroger sur notre futur et ce à quoi il ressemblera. Certes, cela n’est pas la première fois que nous posons cette question sur Ecoloinfo.com, mais une chose est sûre: notre avenir ne pourra pas se construire dans la continuité de notre présent, car les ressources planétaires s’épuisent bien plus vite que nous ne leur laissons le temps de se régénérer.

Face à l’urgence climatique, deux comportements sont possibles: faire l’autruche et continuer ainsi sans crier gare… ou considérer l’avenir comme une tentative de réconciliation et de coopération avec la nature. Si cette tentative aboutit, le vivre ensemble trouvera peut être son équilibre dans une nouvelle symbiose?

RE-VÉGÉTALISONS LA VILLE

Pour l’architecte visionnaire bruxellois Luc Schuiten, nous avons trop vite oublié que nous sommes avant tout des êtres biologiques installés sur une planète elle même vivante. Cela fait donc plus de 30 ans que ce visionnaire écologique imagine et réalise des habitations, des paysages urbains, des cités inspirées par tout ce qu’il a pu observer dans des environnements naturels.

Ainsi, à travers différentes perspectives futuristes, évoluant dans le temps, un monde cohérent et poétique, faisant appel à l’imaginaire se construit progressivement. Il s’en dégage une vision très positive et un message d’espoir: nous pourrions recréer une nouvelle relation entre l’homme et son environnement naturel. Avec Luc Schuiten, la nature n’est plus considérée comme une manne inépuisable et exploitable à l’infini, mais plutôt comme une alliée, susceptible de coopérer à l’édification d’une société durable.

Palliant au préjudiciable déficit en images positives de notre avenir, Luc Schuiten projette une nouvelle utilisation des écosystèmes, offrant ainsi des modèles inédits de penser l’organisation des villes.

L’ »ARCHIBORESCENCE », UN NOUVEAU MODE DE CONSTRUCTION

Pour Luc Schuiten, la nature est un modèle dans la conception d’un nouveau mode de construction qu’il nomme « archiborescence« . Ce nom est issu de la contraction d’architecture et d’arborescence. Il est utilisé ici pour nommerl’architecture qui utilise principalement pour matériaux de construction toutes formes d’organismes vivants.

De cette manière, l’architecte cherche à réconcilier la nature avec le vivre ensemble dans l’équilibre d’une nouvelle symbiose. Voilà un extrait du concept d’archiborescence permettant de comprendre le positionnement de Luc Shuiten:

L’architecture de toute époque s’est développée dans un processus de réflexion diamétralement opposé à tout organisme vivant.
Construire, c’est avant tout détruire, sur une portion de nature, toutes traces de vie, pour y déposer dans un ordre géométrique précis des matériaux
morts.
Le rôle primordial de l’architecte est donc de combiner savamment les différentes matières inertes qu’il aura choisies de juxtaposer.
Les arbres abattus ne seront utilisés que s’ils ont été réduits au préalable à l’état de parallélépipède rectangle et traités chimiquement contre toute possibilité de perpétuer leur cycle de vie.
Les matériaux naturels tels que la terre, le sable, la chaux seront cuits à très haute température pour les mêmes raisons et deviendront briques, verre, béton inerte.
Les pierres seront parfaitement calibrées, les minerais seront extraits des profondeurs puis fondus, raffinés dans des hauts fourneaux.
L’effort colossal de toute une société sera mis à contribution pour développer un mode de construction nécessitant une économie industrielle.
Pour permettre une telle organisation, un pouvoir hégémonique, centralisé est une nécessité et la mondialisation est son ultime développement. Tout le reste en découle: l’aliénation de l’homme par l’homme, l‘épuisement de nos richesses naturelles, la pollution de la planète,…

N’avons-nous pas trop vite oublié que nous sommes avant tout des êtres biologiques installés sur une planète elle-même vivante?
Pour retrouver nos repères, il nous faudrait en premier lieu réaménager un environnement de proximité conçu lui aussi comme un organisme vivant, sorte d’étape intermédiaire entre la planète et nous.
Mais pour ce faire, nous devons encore trouver de nouvelles matières premières dépouillées le plus possible des artifices de l’industrialisation car le tribu à payer pour ce type de développement conduit inexorablement à l’appauvrissement de la terre.

Le développement de cités archiborescentes aurait de grandes répercussions sur la qualité de notre environnement par la suppression de toute pollution, mais de plus nous bénéficierions d’un puissant moyen de régénérer notre atmosphère en piteux état.

De quoi vous donner envie d’aller rêver dans l’univers des villes et cités végétales de Luc Shuiten n’est-ce pas? Car son travail est tout aussi passionnant que magnifique! Et pas aussi utopiques que cela!!


Vegetal City, de Luc Schuiten, 144 pages couleurs format 24x24cm

CITÉ VÉGÉTALE DE LUC SCHUITEN
CITÉ VÉGÉTALE DE LUC SCHUITEN
CITÉ VÉGÉTALE DE LUC SCHUITEN

Cités végétales : Lyon dans l’imaginarium de Luc Schuiten

Par Marine Badoux

Lyon en 2100 ? A quoi ressemblera notre capitale des Gaules dans 90 ans ? Dans l’imaginaire de Luc Schuiten, elle est devenue une « cité végétale ». Cet architecte belge expose à la Sucrière du 27 avril au 27 juin 2010.


Des véhicules futuristes, des habitations sur des arbres, des villes recouvertes de verdure, voici le rêve de Luc Schuiten pour 2100. Dans son exposition « cités végétales » à la Sucrière à Lyon, il dévoile un visage optimiste du futur, inspiré de ses réflexions sur le gaspillage et le changement climatique.

Cet architecte belge, qui se décrit comme un « homme-volant passionné de 3D », est né à Bruxelles en 1944. En 1968, il participe au Mass moving, un mouvement artistique radical et se réapproprie des modes d’expression. « C’était le temps de la prise de conscience,» justifie-t-il. Dans les années 1970, il s’en démarque pour construire la première maison autosuffisante en énergie : la maison Oréjona. Dans l’exposition, il nous fait visiter en image cet habitat bioclimatique.

Ni science-fiction, ni réalisme

Ses dessins mêlent à la fois la science architecturale, biologique, climatique et la lumière, les couleurs, les formes de « son monde, son univers ». Ses visions de Lyon en 2100 ont l’aspect des BD futuristes. Pourtant, ce n’est pas de la fiction pour lui. « La science-fiction oblige à raconter quelque chose de palpitant. Moi, je ne veux pas être dans la narration. Je plante un décor futuriste mais pas forcément réaliste. Je trouve important de montrer ce à quoi j’aspire pour demain. Comment peut-on avancer si on ne connaît aucune des perspectives possibles ? »

La nature comme modèle

Dans ses esquisses de ce monde futur possible, l’arbre est un élément essentiel, qu’on retrouve au cœur de son oeuvre. Il explique : « Je prends le vivant comme modèle. Le modèle que nous suivons, le modèle industriel mène dans une impasse, c’est un modèle destructeur qui ne peut pas perdurer. Le vivant, au contraire est durable, se développe, se perfectionne. » Faut-il simplement remettre du vert dans les villes, dans les habitations et prendre la nature comme exemple? Non, répond l’artiste. Il refuse qu’on assimile son œuvre singulière à de l’Art Nouveau. Il ne fait pas du « biomorphisme » mais du « biomimétisme ». Explications : « L’art nouveau ne va pas assez loin. C’est une recherche formelle, intéressante pour son esthétique mais on peut faire mieux qu’être dans l’interprétation de la nature, découper des formes organiques dans l’architecture, on peut travailler avec le vivant directement. » L'expo montre en effet quelques-unes de ses réalisations, notamment le pavillon à 7 côtés, "une archiborescence", bâtie en 1982 en périphérie bruxelloise sur et autour d'un arbre vivant. Elle montre surtout la puissance imaginative de Luc Schuiten qui réinvente les paysages urbains et nous présente un "Urbacanyon", la "Cité des vagues" et les "Habitarbres".

« Recycler les paysages urbains avec la créativité humaine»

Il avoue que ses dessins sont « sûrement symptomatiques de la recherche d’un paradis perdu ». Pourtant, il ne prône pas un retour à la nature sauvage. Dans la lignée des Nicolat Hulot et Yann Arthus Bertrand, il refuse la modernité « qui nous pousse à jeter des choses parce que les critères de consommation ont changé » mais cherche « un mode de vie qui apporte le bonheur, où on sera bien dans notre peau, dans nos relations, dans notre environnement. » Il considère qu’ « on est à un carrefour, il est encore temps de prendre les bonnes décisions, de prendre un virage différent. » Alors on repart de zéro, pour commencer sur de meilleures bases ? Pas question: « construire a un coût énergétique, détruire aussi. C’est pour cette raison qu’il me semble mieux de partir de ce qui est existant mais de recycler les enveloppes. »
Son avis sur la Confluence ? « C’est bien de ne pas laisser à l’abandon ce quartier. Mais je n’aime pas cette architecture qui vise un impact maximum. Je n’aime pas les effets, c’est un appauvrissement des valeurs. L’architecture doit restée liée à un territoire, à une identité locale. Avec ce type de quartier, on perd en diversité architecturale, on obtient des choses stéréotypées, sans créativité humaine. Les maisons devraient être comme des visages. »

CITÉ VÉGÉTALE DE LUC SCHUITEN
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