La mort dans le monde contemporain.
Malgré ses prouesses technologiques, la société moderne occidentale ne possède aucune compréhension réelle de ce qu’est la mort, ni de ce qui se passe pendant et après celle-ci. De nos jours, on apprend aux gens à nier la mort et à croire qu’elle ne représente rien de plus qu’un anéantissement et une perte. Ainsi, la majeure partie du monde vit soit dans le refus de la mort, soit dans la crainte qu’elle lui inspire. Soit une réalité à fuir à tout prix, soit juger qu’il n’est pas nécessaire de s’en préoccuper.
Toutes les grandes traditions spirituelles du monde ont clairement affirmé qu’elle n’est pas une fin. Pourtant, la société contemporaine demeure, dans une large mesure, un désert spirituel. Sans foi réelle et authentique en une vie après la mort, la plupart d’entre nous mènent une existence dépourvue de toute signification ultime.
Nier la mort est porteur de conséquences désastreuses s’étendant bien au-delà de l’individu, elles affectent la planète entière.
José Antonio Lutzenberg, ancien ministre brésilien de l’environnement : ”La société industrielle est une religion fanatique. Nous saccageons, empoisonnons, détruisons tous les écosystèmes de la planète. Nous signons des reconnaissances de dette que nos enfants ne pourront jamais payer... Nous nous conduisons comme si nous étions la dernière génération sur terre. Sans un changement radical dans nos coeurs, nos esprits et notre perspective, la terre finira comme Vénus, calcinée, morte.” 1991.
La destruction de notre environnement est alimentée par la peur de la mort et par l’ignorance d’une vie après la mort (pas y croire en tant que proposition philosophique, mais le ressentir profondément dans leur cœur). On ne nous enseigne ni ce qu’est la mort, ni comment mourir. Croire en une vie après celle-ci implique un sentiment aigu de responsabilité et la nécessité d’une morale personnelle. Raison qui nous a amenés à créer le monde brutal dans lequel nous vivons, avec si peu de compassion véritable ?
Notre société vit dans l’obsession de la jeunesse, du sexe et du pouvoir, et nous fuyons ce qui évoque la vieillesse et la décrépitude. Nous sommes démunis face à nos proches mourants, quand nous ne fuyons pas. Les mentalités heureusement changent (mouvement des soins palliatifs par exemple). Mais l’amour et les soins ne suffisent pas, il nous faut découvrir le sens réel à la mort et à la vie, autrement comment leur apporter un réconfort ultime.
La mort peut s’avérer une expérience paisible, voire transformatrice, à condition que les mourants bénéficient d’un amour inconditionnel et d’une attitude plus éclairée. Qu’elle nous effraye et que nous refusions de lui faire face, ou que nous la trouvions romantiquement attrayante, elle est banalisée. Ni déprimante, ni séduisante, elle est tout simplement une réalité de la vie.
Il est triste que la plupart d’entre nous commencent à apprécier leur vie lorsqu’ils sont sur le point de mourir. Ceux qui croient qu’ils ont beaucoup de temps ne se préparent qu’au moment de leur mort, ils sont alors ravagés par les regrets. Mais n’est-il pas trop tard ? La plupart des gens meurent non préparés à la mort, de la même manière qu’ils ont vécu, non préparés à la vie.
“Le livre tibétain de la vie et de la mort” de Sogyal Rinpoché.