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athéologie...

1 Juillet 2013, 07:05am

Publié par pam

La mort de Dieu est un gadget consubstantiel à un XX° siècle voyant la mort partout. Une fiction ne meurt pas, une illusion ne trépasse jamais, un conte pour enfants ne se réfute pas. Dieu fabriqué par les mortels à leur image hypostasiée n’existe que pour rendre possible la vie quotidienne malgré le trajet de tout un chacun vers le néant. Le dernier dieu disparaîtra avec le dernier des hommes. Et avec lui la crainte, la peur, l’angoisse, ces machines à créer des divinités. Dieu mort supposerait le néant apprivoisé.

Douter coexiste avec croire. La génération du divin coexiste avec le sentiment angoissé devant le vide d’une vie qui s’arrête. Longtemps l’athée caractérise la personne qui croit à un dieu étranger, voisin, hétérodoxe. Non pas l’individu qui vide le ciel, mais celui qui le peuple avec ses propres créatures. Dieu inaccessible donc silencieux ne se rebelle pas quand d’aucuns se prétendent investis par lui pour parler, édicter, agir en son nom pour le meilleur et le pire. Aucun terme n’existe pour qualifier positivement celui pensée, des pans entiers d’une réflexion vivante, forte, mais antichrétienne ou irrévérencieuse, voire simplement indépendante de la religion dominante, demeurent ignorés, y compris bien souvent des professionnels de la philosophie.

Ceux qui adorent tout et n’importe quoi, les mêmes qui, au nom de leurs fétiches, justifient leurs violences intolérantes et leurs guerres depuis toujours contre les sans-dieux, ceux-là donc réduisent l’esprit fort à n’être étymologiquement qu’un individu incomplet, amputé, morcelé, mutilé, une entité à laquelle il manque Dieu pour être vraiment...

Les tenants de Dieu disposent des pleins pouvoirs politiques depuis plus de 15 siècles, la tolérance n’est pas leur vertu première et ils mettent tout en œuvre pour rendre impossible l’athéisme, la chose donc le mot. De sorte que les païens (étymologiquement ceux qui rendent un culte aux dieux de la campagne) passent pour des négateurs des dieux, puis de Dieu. Athée : le mot vaut comme l’insulte absolue, c’est l’immoraliste, l’amoral, le mot suffit pour empêcher l’accès à l’oeuvre. Leur seul tort : leur nature antisociale.

Embarqués dans une entreprise de justification de pouvoir, les dieux (ou Dieu) passent pour les interlocuteurs privilégiés des chefs de tribus, rois, princes. Ces figures terrestres prétendent détenir leur puissance des dieux. L’athéisme devient dès lors une arme utile pour précipiter tel ou tel, pourvu qu’il résiste ou regimbe un peu, dans les geôles, voire au bûcher. Souvent toute velléité philosophique de penser Dieu en dehors du modèle politique dominant devient athéisme. Pour Spinoza, la Bible est un ouvrage composé par divers auteurs et relève d’une composition historique, donc non révélée. L’athée, avant de qualifier le négateur de Dieu, sert à poursuivre et condamner la pensée de l’individu affranchi, même de la façon la plus infime, de l’autorité et de la tutelle sociale en matière de pensée et de réflexion. Un homme libre devant Dieu - y compris pour en nier bientôt l’existence.

La religion ? Une invention des hommes pour s’assurer le pouvoir sur leurs semblables.

Michel Onfray in "Traité d'athéologie".

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