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quotidien et inopiné...

16 Août 2013, 07:24am

Publié par pam

Certains sont champions dans le quotidien, personnellement je me dévoile dans les situations d'urgence. Cela m'a sans doute permis d'assurer sinon d'exceller dans mon métier d'artificier alors que la vie quotidienne, la vie de couple, souffraient de mon absence de constance : l'ennui s'emparant de moi plus rapide et dévastateur qu'un tsunami, m'engluant dans les petites habitudes, me réduisant à une râleuse lasse et lassante, faisant ressortir à mon grand dam les pires aspects de ma petite personne...

Mais que surgisse l'imprévu, l'inattendu, l'imprévisible, voire même l'accident ou la catastrophe et on peut enfin compter sur moi et découvrir mes talents cachés... si si j'en ai moi aussi !

J'en ai eu récemment encore la preuve puisque comme d'autres j'ai subi un gros orage de grêle et de vent. N'étant pas seule cette nuit-là j'ai pu confronter mes réactions à d'autres et si c'est compliqué de gérer l'affolement et l'angoisse des autres quand il faudrait se consacrer à réagir aux intempéries et en limiter tant que faire se peut les conséquences dans l'instant, cela m'a permis de me féliciter de ma capacité toujours au top de faire face à la seconde à l'imprévu, à ce qui nous dépasse tous : les catastrophes climatiques. Mais plus encore, cela nous confronte tous à nos réactions personnelles : on peut d'un petit problème faire une montagne, se laisser abattre ou décourager quelle que soit l'ampleur de ce qui nous arrive. Et j'ai pu me réjouir du bénéfice du travail sur soi, des lectures et des études philosophiques qui alors portent leurs fruits : notre attitude face à un danger, une maladie, un péril quel qu'il soit fait de cet évènement une catastrophe ou un bienfait. Un bienfait oui, car le quotidien nous endort, nous fait perdre vigilance et recul sur soi, sur la vie, sur l'importance des choses, sur l'essentiel.

J'ai, il est vrai, eu la grande chance que mon toit résiste aux assauts des éléments et quand l'averse de grêle passée, j'ai pu le constater à la lumière de la lampe de poche et des éclairs qui continuaient de tout illuminer, j'ai ressenti un soulagement joyeux que ni les gouttières transformées en dentelle, ni les fleurs broyées, ni le potager réduit à néant, ni le jardin couvert de feuilles et de branches ne pouvaient entamer. Je m'inquiétais pour les voisins, et à juste titre puisque toutes les maisons du hameau voisin furent très abîmées mais je ne pouvais m'empêcher de relativiser et d'encore positiver, réaction du corps sans doute à l'afflux d'adrénaline du au quelques minutes de fureur intense des éléments : bruit hallucinant, bourrasques de vent, vitres bombardées de feuilles, branches, grêlons gros comme de balles de ping-pong (inquiétude de les voir grossir encore), mais à ce moment, rien n'est envisageable, il faut seulement attendre, s'éloigner des fenêtres, espérer. À quoi servirait de paniquer sinon à faire de mauvais choix, il est impossible de fuir devant les éléments déchainés, d'autres que nous subissent bien plus fréquemment les assauts de la nature, et leurs maisons sont moins solides, leurs vies moins protégées. En plus de calmer mon invitée qui avait bien mal choisi la date de son séjour chez moi, mon esprit était tourné vers eux et vers les oiseaux et les bêtes sauvages dans le jardin et autour : où et comment se protégeaient-ils ? leur instinct les avaient sans doute prévenus mieux que l'alerte orange de la météo qui m'avait permis de ranger quelques plantes fragiles, d'abriter la voiture, de caler les outils de jardin (qui néanmoins ont volé en grand fracas !).

Connaissant les ressources de cet excès d'adrénaline, j'en profitais dès la fin de la mini tempête pour réparer quelques dégâts, éponger l'eau infiltrée sous les portes et dans mon hangar, redresser la barrière couchée sur le chemin, jouissant de cette énergie surhumaine si rare et limitée dont on bénéficie pendant quelques minutes ou heures après un choc.

J'ai attendu 24 heures pour aller visiter mon assurance que les plus touchés de mes voisins aient la priorité, pour constater que le bureau était plein de gens qui malgré l'alerte n'avaient pas abrité leurs voitures et venaient se plaindre de quelques bosses sur le toit et autres bricoles, puis la "dame" de l'assurance a expliqué à la cantonade que pour elle les arbres s'était terminé, qu'elle avait eu trop peur, qu'elle faisait couper tous ceux de son jardin..... je me demande encore pourquoi elle vit à la campagne, et pas dans une petite boite de coton dans un coffre à la banque ou un abri antiatomique, mais sa logique l'aide sûrement à vivre et être heureuse, enfin je lui souhaite, même si je suis bien triste pour ses arbres, enfin les arbres qui l'environnent et qui à n'en pas douter ont été plantés ou semés bien avant sa naissance, celle de ses parents, voire des ses grands-parents... et quand il n'y aura plus d'arbre, qui retiendra le vent, atténuera ses sautes d'humeur ?

Lors de la grande tempête de 1999, je cherchais quel endroit de ma maison était le plus sur, craignant que la toiture métallique s'envole et connaissant les dégâts qu'une plaque de tôle emportée par le vent peut provoquer... et j'ai fini dans l'angle de ma chambre au plus près de deux grands chênes jumeaux qui poussent là depuis bien avant l'existence de cette maison, les prenant comme protecteurs eux qui depuis si longtemps résistent à tout même à la folie des hommes. Encore cette fois ils ont résisté, continuant leur rôle protecteurs. Et si un jour ils devaient rompre, je reconstruirais et replanterais deux chênes au même endroit en leur honneur et souvenir, en remerciement de ce sentiment de confiance que j'éprouve d'être à l'ombre de leur ramure et de leur beauté.

Peut être même vais-je planter une dizaine d'arbres en souvenir de ceux massacrés pour la quiétude de la "dame" de l'assurance.... enfin pour le moment il s'agit de continuer de réparer les dégâts avant le prochain orage et de me féliciter d'avoir avec le temps pu m'améliorer, d'avoir appris à positiver et à me réjouir de ce qui reste plutôt qu'à pleurer ce qui n'est plus !

Le plus étonnant quand on vit un déchaînement des éléments c'est le calme qui suit : un calme total, absolu, une sidération de la nature : plus de chants d'oiseaux, de cigales, de grillons, plus de bruissements, rien ne bouge.

Le lendemain matin, après un tour de la maison pour établir une liste des priorités j'ai avec angoisse fait un tour de jardin craignant de trouver des victimes mais à part un geai tué par un grelon en plein vol, les champs de céréales voisins ravagés, le chemin vert de feuilles broyées nous avions échappé au pire. À moins d'un kilomètre de nombreux arbres étaient couchés, déracinés, des routes coupées, des maisons sans toit, comment ne pas relativiser ? pourquoi s'inquiéter ?

Je crois qu'au plus fort du bruit et de la fureur j'ai dirigé mes paumes de main vers le jardin en signe d'apaisement, comme je le fais vers les gens qui m'appellent pour des soins, non pas que j'imagine si peu que ce soit avoir influencé quoi que ce soit, mais je veux vous faire partager ces instants où au plus fort d'un bouleversement irrépressible et incontrôlable, là encore sérénité et méditation sont plus importants qu'inquiétude, angoisse, affolement et désespoir et bien plus utiles en fin de compte puisque c'est ce qui nous permet de surmonter en douceur tout ce que la vie nous réserve en bien comme en mal et que sans un peu de recul nous ne pourrions que subir.

La vie est belle mes amis, pleine d'imprévus, pleine d'enseignements, et celui d'aujourd'hui c'est que si tout ne va pas comme vous le voudriez il y a bien pire autour de vous, tant de gens malheureux, tant de tristesse et de maladies, et nos petits bobos sont bien mesquins en comparaison.

J'ignore comment aider ceux qui s'accrochent à leurs petites misères ou à leurs grosses maladies, ceux qui semblent se construire autour d'une allergie ou d'une maladie de peau, qui se replient sur leur douleur, sur la perte d'un être cher (ou souvent sur leur passé), ceux qui voient tout en noir, toujours, qui engluent leur quotidien dans les ressentiments, la rancune, la rancoeur et les regrets. J'espère en la réincarnation car je ne sais si je trouverais la réponse dans cette vie....

Bon, c'est pas tout ça, le jardin m'attend, j'ai encore des brouettes de déchets végétaux à véhiculer jusqu'au tas de compost et je vais semer quelques légumes d'hiver dans les trous laissés par la grêle dans le potager !!

Et, au fait, qui pense encore que les changements climatiques c'est du bidon, juste un marronnier de plus pour les journalistes ou un excès de plus des écolos ?

On doit s'habituer aux canicules et autres bouleversements des éléments, s'y adapter, et si on veut les limiter faire du prosélytisme pour la décroissance ou au moins la limitation de la consommation en privilégiant l'alimentation locale, en réduisant nos trajets, nos pollutions diverses, nos déchets, en simplifiant nos besoins et nos vies, en cessant de partir en vacances quatre fois par an à l'autre bout du monde alors qu'autour de nous les paysages sont si beaux et si variés, les gens à découvrir si nombreux...

quotidien et inopiné...
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