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Plantes médicinales, médecine tibétaine, cueillette et thérapeutes

19 Mai 2014, 06:41am

Publié par pam

TENDSIN TCHEUDRAK. Le Palais des arcs-en-ciel.

Propos recueillis par Gilles Van Grasdorff.

Éd. Albin Michel. 1998.

Extraits:

La médecine tibétaine fait partie d’une des traditions les plus anciennes du monde et son système thérapeutique est unique car, dans sa pratique, elle a une approche holistique. Malheureusement ignorée des spécialistes occidentaux, par négligence, par préjugé, et surtout par indifférence, sa survie dépend essentiellement du travail effectué actuellement à Dharamsala.

“Aussi longtemps qu’il y aura des êtres souffrants, et jusqu’à ce que leurs maladies soient guéries, puissé-je être, pour les aider, leur médecin, leur remède et leur serviteur.”

Chantidéva.

On peut extraire des médicaments de toutes les substances de la terre.

Cueillette des plantes médicinales 4 fois par an : 1° en février et mars, au sortir de l’hiver. 2° en mai et juin, quand les fleurs et feuilles s’épanouissent. 3° en août et septembre, pour les fruits. 4° en septembre et octobre, pour le ramassage des racines, dont les propriétés sont alors au maximum.

Une plante évolue en permanence. Elle partage les propriétés et la nature des cinq éléments qui la produisent : la terre est sa base ; l’eau lui apporte l’humidité nécessaire à son évolution ; la chaleur soutient son développement ; l’air lui insuffle la croissance ; et l’espace lui offre le champ de son épanouissement. Lorsqu’une plante croît, au moment de la montée de la sève, toute son énergie se concentre dans ses extrémités supérieures, et c’est là, bien entendu, que sont contenues les substances qui nous intéressent. Quand elle parvient à maturité, son énergie s’est déplacée pour se concentrer dans les graines et dans les feuilles, puis, quelques mois plus tard, ce sont ses fruits qui vont fournir les ingrédients nécessaires à certains médicaments. Enfin, lorsqu’elle meurt, ce sont ses racines que nous devons utiliser. Donc, pour une même espèce, ses propriétés sont très différentes selon le stade de son développement et les saveurs très spécifiques selon la période de cueillette. Sucrée quand prédominent la terre et l’eau (safran, beurre, miel, viande), acide quand prédominent la terre et le feu (yaourt, levure), âcre quand prédominent le feu et l’air (ail, gingembre, poivre long). Salée, eau et feu. Amère, eau et air (musc, gentiane). Astringente, terre et air (myrobolan : arbre dont tige et fruit ont la faculté de servir à la guérison d’un grand nombre de maladies).

Le lieu, l’altitude, la direction dans laquelle elle pousse font différer la plante. En médecine tibétaine, un seul ingrédient ne suffit pas à apporter l’effet thérapeutique souhaité, la combinaison de plusieurs ingrédients s’avère, ainsi absolument nécessaire.

Il faut choisir les lieux de cueillette les plus sains possibles, prélever les plantes médicinales au moment le plus propice, fraîches et non fanées (certaines sont cueillies très vieilles), les laver soigneusement, les faire sécher convenablement, ne pas les conserver plus de trois ans (cela dépend du climat, en Inde 1 an).

De la cueillette à la préparation des substances médicinales, nous devions travailler dans un état de conscience le plus proche possible de l’esprit d’éveil, et nous efforcer d’agir comme si nous étions le Bouddha de médecine. En effet, l’état d’esprit avec lequel nous accomplissons ces activités peut influer favorablement ou défavorablement sur l’efficacité d’un remède. La clarté de l’esprit ou la pureté des intentions est plus importantes que l’ensoleillement, le relief ou l’état du sol, lors du ramassage. C’est notre motivation, bonne ou mauvaise, qui détermine toujours la qualité de nos actions.

Si notre pratique spirituelle est contaminée par l’amour de soi, notre capacité à accomplir le bien en souffrira. La préparation des médicaments met en connexion nos connaissances médicales et notre disposition spirituelle.

Plantes médicinales, médecine tibétaine, cueillette et thérapeutes

Le médecin doit être intelligent car il est destiné à de grandes responsabilités, l’intelligence permet de faire la différence entre ce qui convient et ce qui ne convient pas. Les sages et les maîtres sont calmes et humbles. Le médecin habile triomphe de la maladie par son habileté. Il ne doit jamais se laisser décourager par les difficultés rencontrées lors de l’étude des textes. L’engagement moral du médecin exige une discipline très stricte. La créativité est une autre qualité, le médecin doit être ingénieux pour soigner un patient tout en respectant à la lettre les lois relatives au corps, à l’esprit et à la parole. Il faut considérer en quoi chaque geste ou parole peut influencer autrui. Il faut s’efforcer d’être utile aux autres, et les pensées doivent être dirigées vers le bien d’autrui. Le médecin doit se montrer aimable et ferme. Il doit savoir s’adapter à toutes les situations. Pour ceux qui n’ont pas toutes ces qualités, l’essentiel est qu’ils ressentent le désir d’aider les êtres et qu’ils s’y efforcent de leur mieux. À connaissances égales, celui qui aura de meilleurs résultats est celui dont le cœur est empli de bonté.

Un être avide et agressif qui s’entête à ne pas changer d’habitude ou d‘attitude ne changera pas de comportement, même si on le lui demande. Il est comme recouvert par la poussière de l’ignorance. Il n’éprouve aucune compassion. Dans cette vie, il lutte pour obtenir des bénéfices personnels, et il fait fi des autres. Un tel être ne peut étudier correctement la médecine.

Plantes médicinales, médecine tibétaine, cueillette et thérapeutes

En 1727, Tendzin Phunetsok dresse la liste de 2 294 substances, 312 plantes. Aujourd'hui, il reste à peine 1 500 substances et 200 plantes.

Tchernobyl, 26 avril 1986.

Les textes médicaux tibétains abordent dés le XI° siècle des questions de contamination liées au progrès de l’humanité et aux expériences chimiques qui affecteraient sa consommation alimentaire et sa santé. Ils indiquent que l’évolution des sociétés entraînerait une dégradation des valeurs morales et de l’environnement. À travers les siècles, l’homme s’est lancé dans des compétitions effrénées et se révèle aujourd’hui prêt à obtenir toujours plus de pouvoir et un meilleur statut. Les nations se livrent à une course aux armements frénétiques. Les pays riches mobilisent des capitaux considérables pour procéder à toutes sortes d’expérimentations. Toutes ces activités sont aggravées par le développement des cinq fléaux (désir/attachement, ignorance, orgueil, colère et jalousie).

Plantes médicinales, médecine tibétaine, cueillette et thérapeutes
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